L'aléatoire... à l’ESSAI !

Par nature, l’homme est un animal social et il est sain de vivre en bonne union avec ses semblables. Le grand Spinoza démontra, au 17ème siècle, que la Raison humaine est foncièrement intègre et que par conséquent elle sait mener à la vérité et au salut de l’âme : « la Raison a elle seule peut mener à la béatitude ».


Si la mémoire des philosophes des lumières nous est si précieuse, c’est parce que nous avons le sentiment aujourd’hui de vivre dans l’incertitude et la confusion. Cela vient de ce que nous vivons depuis un certain temps dans un établissement universitaire qui dispense un savoir servant à la conduite, par l’étude et la pratique, des statistiques de notre pays.

Nous ne nous attarderons pas sur les carences dont souffre notre jeune institution : du déficit qui touche le budget (en deçà des normes en vigueur destinées aux écoles d’ingénieurs), au manque de moyens techniques (absence d’un technicien pour gérer les laboratoires informatiques), jusqu’à l’insuffisance du nombre d’enseignants assurant les encadrements des élèves-ingénieurs. Nous passons ces lacunes puisque, paraît-il, c’est aujourd’hui l’ordinaire de l’Université.

Ce qui, en revanche, nous préoccupe depuis un certain temps déjà, c’est la « bonne gouvernance » de notre institution. Depuis les temps des Lumières et en 4 siècles de progrès, la bonne gouvernance a été décortiquée pour donner lieu à 6 principaux aspects : « l’obligation de rendre des comptes », « la transparence », « l’efficience et l’efficacité », « la réceptivité », « la prospective » et « la primauté du droit ». Ces six phases, nous pouvons les lire partout, même si elles sont dédaigneusement méprisées : pour nous, la raison est simple, c’est que la Raison ne gouverne plus !

Pour être plus explicite, à l’Ecole supérieure de la statistique et de l’analyse de l’information (ESSAI), le Conseil Scientifique et les départements sont marginalisés, les lois et les usages universitaires bafoués. En effet, au lieu de s’appuyer sur un corps enseignant compétent pour réformer une institution qui en a besoin, et profiter de l’élan qui a suivi sa nomination, pour la porter haut et loin, le directeur de cette institution a au contraire démotivé son personnel enseignant et cassé l’enthousiasme d’un groupe d’enseignants et d’enseignantes dynamiques.

Aujourd’hui certains enseignants-chercheurs et membres de l’administration sont menacés, d’autres intimidés ou insultés. La majorité se plaint de l’agressivité du directeur : des motions et des requêtes sont régulièrement envoyées depuis le début de l’année dont une pour agression physique et une autre pour tentative de séquestration (notons que la plupart des intimidations ont été exercées à l’encontre de collègues femmes).

Beaucoup d’enseignants sont habités par l’anxiété et sont contraints d’attendre une décision, Ô combien urgente à prendre, du ministère : malgré la visite du Président de l’Université 7 novembre à Carthage à la mi-février, aucune amélioration n’a été notée ; pire, la situation à l’école est devenue complètement aléatoire. Pourtant nous avons une volonté intarissable de participer à la vie de notre institution et nous n’avons de cesse de garder en tête la noblesse de la mission qui nous incombe. Aussi, et en dépit de l’apparence, cet «essai» est un appel au secours !



N.B. Cet article est paru (mais pas entièrement) au journal Attariq Aljadid en date du 17 avril 2010.