La majorité silencieuse

Ce qui exaspère une bonne partie des tunisiens, c'est la communication désastreuse du gouvernement de transition. Pourtant, les revendications sont simples : démettre de leurs fonctions ceux qui ont profité du système benali et qui, aujourd'hui, se font une nouvelle virginité, grâce aux télés (d'ailleurs le mauve est toujours de mise dans le fond et la forme de la Télé Nationale).

Je pense, très modestement, que la confiance reviendra le jour où la communication du gouvernement changera. En effet, il faudra compter sur un(e) porte parole du gouvernement entouré(e) de professionnels travaillant à plein temps et communiquant quotidiennement sur les actions du gouvernement. Cette cellule fera le lien entre le gouvernement, les différents ministères et les journalistes. Les interventions seront filmés et postés sur FB, twitter et la TAP.

Certains demandent la tête de M. Ghannouchi, mais je ne crois pas que ce soit lui la source du problème. En revanche, le départ de certains directeurs et cadres de la plupart des ministères, qui sont connus pour leur malveillance, permettrait de retrouver un peu de calme. Etre à l'écoute de l'association des juges et à leur tête le juge Hamrouni, qui dénonce les décisions prises à l'encontre de juges corrompus et aux ordres, sans que leur travail durant des dizaines d'années soit apprécié. Porter plainte contre Mlika, Miled, Jrad, Ganzoui, Zarrouk, Mabrouk, Matri, Abdallah, Kallel ... et pourquoi pas H. Baccouche pour abus de pouvoir, et communiquer sur ces plaintes ne peut que conforter la position du gouvernement.

J'ai vécue l'affaire A. Ounaies comme la première sonnette d'alarme. Qu'attendent les membres du gouvernement et en particulier le ministère de la justice pour prendre au sérieux la menace du déficit de communication ???

Les pétasses de la République

Les prostituées de Mahdia, de Kairouan ou de Tunis se distinguent des pétasses qui sabotent notre démocratie. Les prostituées font partie de n'importe quelle société arabo-musulmane, ce sont des êtres humains et elles ont des droits.

Dans les bordels de la république tunisienne, l'hygiène est respectée, un médecin fait des visites régulières et le préservatif fait légion. Tout n'est certainement pas parfait, loin de là, mais je suis intimement convaincue que le plus vieux métier du monde est d'utilité publique en Tunisie : maintenant que les réservistes de l'armée sont dans les rues, la prostitution trouve plus que jamais son sens.

De l'autre coté de la rue, les agissements des pétasses sont très néfastes. D'ailleurs, ce ne sont pas des femmes, mais des hommes. Leur objectif est de saloper le processus de démocratisation en cours. Comment font-ils ? Ils investissent les rues et les mosquées pour impressionner les tunisiens mais surtout les étrangers. Ils manifestent devant des synagogues, ferment des bars, terrorisent des restaurant. D'autres ont égorgé un prêtre polonais de Mannouba. Leur but est le même : prouver que la menace de l'islamisme est réelle en Tunisie.

Or, ce que semblent ignorer ces pétasses, c'est que nous sommes désormais vigilants. Je ne suis pas impressionnée par ces agissements. Bien au contraire : j'attends à ce qu'une approche réglementaire de la prostitution soit élaborée en Tunisie (comme c'est d'ailleurs le cas en Turquie). Le #16juin2014 la prostitution sera certainement une activité légale professionnelle et les prostituées auront un statut réglementé.

J'attends aussi que les pétasses qui sèment la terreur dans les minorités (religieuses, politiques ou sociales) soient punies sévèrement, mais ceci n'attendra pas 3 ans !

Pour conclure, je dirais que cet après midi, une marche pour la liberté et la laïcité aura lieu à l'Avenue Habib Bourguiba, venez nombreux défendre notre droit à la démocratisation.

un gouvernement qui navigue à vue

A part quelques rares ministères qui fonctionnent dans le bon sens (mise à l'écart de certains sbires de benali, dialogue constructif avec les syndicats, réponses à certains problèmes urgents), d'autres naviguent toujours à vue. A se demander ce qu'ils sont entrain de faire, sinon de gagner du temps ?!

Le souci provient d'abord du ministère de l'éducation nationale avec une gestion catastrophique de la crise : le dialogue avec le syndicat des enseignants étant réduit à un échange de courrier.

C'est le cas également de la communication du gouvernement actuel : il n'est pas tolérable de se contenter d'actions sporadiques comme celle des Ministères de l'intérieur ou de l'enseignement supérieur. Il convient d'avoir un attaché de communication, de préférence une femme d'une quarantaine d'années, entourée d'une équipe provenant de tous les ministères pour informer le citoyen tunisien du travail du gouvernement. C'est une équipe chargée d'un point de presse quotidien répondant aux attentes des citoyens tunisiens.
A part cela, les dernières nominations des gouverneurs démontre la mauvaise-foi de certains commis de l'état encore fidèles aux RCDistes. D'autre part, il y a l'embarras que cause la démission du ministre des affaires étrangères surtout que l'Italie est confrontée à une vague d'immigration de clandestins tunisiens. Le sabotage des RCDistes du ministère en cause vient juste avant le moment où la Libye décide une taxe de 150 euros par voiture (et 700 euros pour chaque personne souhaitant traverser la frontière tuniso-libyenne).

Qu'en est-il ensuite de la commission sur la corruption : une commission sans femmes et presque sans intérêt puisque la justice est appelée à devenir indépendante. D'ailleurs qu'attend M. le Ministre de la justice pour nettoyer au Karsher les palais de justice ?

Enfin, et parmi toutes les grèves qui sont entrain d'éclore à Tunis, une seule est bien plus légitime que toutes les autres manifestations. C'est la grève des diplômés chômeurs de Oum Larayes. Les revendications des chômeurs du bassin minier et leur sit-in aujourd'hui devant le siège de la Compagnie de Phosphate Gafsa à Tunis sont bien fondés. Au gouvernement de répondre à toutes leurs exigences parce que c'est beaucoup grâce à leurs sacrifices que nous vivons aujourd'hui notre révolution.

En me lisant, on pourrait croire que je n'appuie pas le gouvernement, mais ce n'est pas le cas. Je soutiens le processus de démocratisation que vit notre chère Tunisie, mais je reste critique concernant certains cafouillages du gouvernement de transition. J'attends avec impatience que ce dernier anticipe les attentes et réponde sans céder à la pression d'une minorité.

La rose de la révolution tunisienne

La semaine dernière, Son Excellence A. Ounaies était dans une position fort inconfortable. En plus de se voir jugé par deux journalistes qui ne comprennent rien aux codes diplomatiques, il a été insulté pour son âge à plusieurs reprises.

Plutôt que de poser des questions pertinentes sur l'avenir de la diplomatie tunisienne, ces journalistes de Nessma TV se sont acharnés, avec l'aide du présentateur puis de malheureuses interventions téléphoniques, sur une polémique franco-française.
Que voulaient-ils entendre ? Des insultes à MAM ? Que le MAE soutienne la révolution égyptienne ? Qu'il incendie l'Iran ? Je l'ai entendu répondre en termes fort diplomatiques et précis à tout cela, mais pourquoi est-ce que j'ai été une des rares à l'avoir compris ?

Le jeunisme, c'est cela que veulent ces populistes. Mais, alors quel est l'avenir de ces femmes et de ces hommes qui ont la soixantaine et qui ont tant fait pour combattre le despotisme : seront-ils lynchés de la sorte ? Est-il tolérable de voir une personnalité qui a tant donné pour la Tunisie piégée et décrédibilisée de cette manière ? N'avons-nous aucun respect pour ceux qui ont fait cette révolution ? Est-il acceptable de voir des journalistes, ignares et imbus de leurs personnes, se détourner de leur rôle d'INFORMER et céder à la polémique et au manque de professionnalisme.

Ce qui se passe aujourd'hui n'est pas le fruit d'un 14 janvier. La révolution tunisienne est la "rose que nous cueillons enfin après plus de 50 ans de luttes". Aujourd'hui, le peuple s'est montré civilisé. mais qu'attendent les journalistes pour être à la hauteur de l'évènement ? N. Baghouri, Secrétaire Général du syndicat des journalistes, le disait en début de la semaine dernière : les journalistes se doivent d'être professionnel et leur mission première est d'informer en toute objectivité. Les deux journalistes qui étaient assis en face de A. Ounaies ont-ils été professionnels dans leurs préparation de l'interview ?

La réponse à ma question est venu, le lendemain de l'émission, du ministère des affaires étrangère : une grève de "diplomates" accoompagnés de femmes de ménages en blouse appelant à la démission du ministre fraîchement nommé. Ca ne présage rien de bon. Aussi je prie pour que les militants démocrates de notre cher pays fassent doublement attention car "chaque épine de la rose cache quelque chose".

La police au service de la révolution tunisienne

La grève des policiers nous a permis de voir tout le mal que ces citoyens ont ressenti suite à une campagne hostile qui dure depuis plus de 20 ans. Abdallah Kallel avait déjà mis en place tout un dispositif pour avilir les honnêtes policiers : conditions de travail, inspection supérieure avec sa horde de décisions punitives, insécurité. La fonction de la police s'est transformée peu à peu du service de la patrie au service d'individus.

Personnellement, je peux témoigner que le 14 janvier 2011, benali était lâché par la police comme il l'avait été par l'armée. Je faisais partie du premier groupe de manifestants sortis de la place Mohamed Ali, et pendant qu'on avançait vers/sur l'avenue Habib Bourguiba, les cordons de policiers tombaient un à un sans aucune résistance (contrairement aux maintes manifestations précédentes). Les policiers ont laissé les manifestants arriver jusqu'au local du ministère de l'intérieur. Mais l'après-midi, la situation a dégénéré et une campagne hostile, savemment orchestrée par les cadres du ministère de l'intérieur encore fidèles à benali, a occulté les revendications légitimes des policiers.

Des policiers ayant participé à la révolution du peuple tunisien contre l'oppression ont souhaité ardemment la chute de benali mais aussi de son système : ces policiers ont salué la décision du nouveau ministre de l'intérieur d'éloigner près de 40 cadres de la sûreté de leurs fonctions. Ils espèrent que tous ces directeurs déchus seraient assignés en résidence surveillée et qu'une inspection à leur encontre serait lancé concernant les exactions commises dans notre pays.

Les policiers vont aussi jouir d'un syndicat, rattaché à l'UGTT, où tous les grades seront representés afin de garantir une pluralité et une liberté de l'action syndicale. C'est une protection pour le policier mais aussi pour le citoyen : cet organe garantirait que la Loi ne soit pas bafouée par les ordres (تعليمات).

Les policiers ont également revendiqué la suppression de l'Inspection Supérieure pour qu'elle laisse l'Inspection Générale faire son travail. Pour tout fonctionnaire, les erreurs devraient entraîner une sanction administrative (Blâme, Avertissment) et non répressive (geôles). L'inspection supérieure étant utilisée comme un organe punitif de la police, le système ne sera pas assainit tant que cette inspection supérieure est en cours.

D'autres revendications, somme toute légitime, concernent les congés annuels : il y a des policiers ayant atteint prés de 850 jours de congés (qu'il faudra régler ou convertir en primes). Les heures supplémentaires doivent être comptabilisées par mois ou par trimestre mais non payés à la fin de l'année. Les primes de rendement (70D sur 3 mois) doivent être négociées de manière structurée avec le syndicat de la police. Ces revendications salariales sont compréhensibles et elles garatissent la sécurité dans nos rues.

Un autre facteur a longtemps humilié les policiers : les mutations. Le refus presque systématique de la hiérarchie policière, de prendre en compte les demandes fondées, des agents de la police, de s'approcher de leurs familles. Dans certains cas, ce type de demande était qualifié de Haute trahison. La grève des policiers a démontré qu'un déficit de communication pouvait entraîner une confusion dans la population et la grande majorité de tunisiens a apprécié l'intervention de M. Rajhi ainsi que celle du nouveau directeur généal de la sureté nationale M. Chabir.

Le dernier point concerne la mutuelle de la police. La commission sur la corruption devra s'y intéresser de près surtout que des problèmes d'approvisionnement de la pharmacie rattachée au ministère de l'intérieur demeurent, une opacité dans la gestion des ressources est de mise, etc.

Mais avant cela, il serait raisonnable de revoir la composition de la dite commission : des femmes capables de suivre ce genre de dossiers sensibles ont été exclues : je pense aux juges K. Kannou et W. Kaabi. Pour conclure, je dirais DEGAGE aux RCDistes.