Si un Etat veut hacker ses citoyens, Microsoft ferme les yeux...

Nul n'ignore le danger de l'appropriation de l'information et du savoir par des intérêts privés. Il y va de la souveraineté nationale. Aussi, et à l'instar du Brésil où l'utilisation des logiciels libres est générale au sein des administrations, ces solutions informatiques sont une alternative judicieuse : la force des logiciels libres s'affirme de jour en jour puisque les sources sont disponibles et plusieurs compétences travaillent à leurs mises à jour ainsi qu'à leurs nouvelles fonctionnalités, ce qui représente un vivier d'emplois formidable ainsi qu'une chance pour developper une économie du Savoir solidaire et durable.

Révolution Oblige, il y a lieu de s'interroger sur le processus qui a mené à la validation du Décret 261/2011 du 4 mars 2011 relatif au contrat de gré à gré entre les banques publiques tunisiennes (STB, BNA et BH) d'une part et Microsoft Tunisie d'autre part en vue de la mise en place de l'infrastructure de base de ces établissements. N'est-ce pas étonnant de voir l'annuité par PC égale à 170$ (avec une augmentation de 10% par an depuis 2006) alors que la moyenne mondiale ne dépassait pas 100$ ?! Des éclaircissements sont attendus sur le niveau d'implication de la commission supérieure des marchés, ainsi que des structures techniques du ministère des finances et la tutelle technique du secteur représentée par le Ministère de l'Industrie et des Technologies. Il est donc essentiel que le gouvernement de transition communique urgemment sur cette signature et qu'il publie les avis et les accords passés, entre la Tunisie et Microsoft.

Nous rappellons, par exemple, que le marché de Global Banking signé par la Banque de l'Habitat avait été attribué à MEDSOFT propriété de Slim Zarrouk, gendre du président déchu. Le Décret n'est pas sans rappeler d'ailleurs les méthodes de l'ancien régime permettant de rétribuer ses affidés par la distribution de commissions à la signature de telles conventions. A cette occasion, il convient d'affirmer la nécessité de la transparence totale sur ce point et du renforcement du rôle de l'Instance pour la protection des données personnelles et la révision de sa composition.

Notre position ferme en faveur des logiciels libres vecteurs d'innovation et des formats ouverts et du danger de l'appropriation de l'information et du savoir par des intérêts privés, nous pousse à s'interroger sur l'efficacité de l'unité de gestion par objectif au sein du ministère de l'industrie et des technologies pour la mise en œuvre d'un plan national dans le domaine du logiciel libre. Le Décret de création 1249/2003 à été prorogé à de multiples reprises en 2007, 2009 et 2010 et sa réactivation effective ainsi que le renforcement de cette unité sont les garants de la souveraineté nationale.

Nous devons s'interroger sur l'efficacité des instances mises en place jusqu'à aujourd'hui et appellons l'ensemble des acteurs à rejoindre les forces mobilisées pour promouvoir les logiciels libres et construire ensemble une stratégie nationale en vu de developper le savoir faire Tunisien générateur d'économies pour l'Etat et générateur de Valeur à l'éxportation. Il est temps qu'un mouvement d'opinion en faveur de la promotion et de l'utilisation de logiciels libres, vecteurs d'innovation et des formats ouverts soient soutenu.
Ines Abdeljaoued Tej
Utilisateurs de Logiciels Libres en Tunisie


*Le titre se réfère à l'article de Fabrice Epelboin publié le 18 mars 2011 dans RUE89 :

Non au Berlusconisme

Pour la génération de mes grands parents, le Bourguibisme était associé à la lutte nationale contre le colonialisme et la présence française en Tunisie. Pour la génération de mes parents, le Bourguibisme était, et est toujours, associé à la libération de la femme, à la gratuité de l'éducation entreprise en Tunisie, à la politique de santé et au modernisme de l'Etat. Pour les tunisiens de ma génération, il n'est pas question de nier ces avancés, réalisées du temps de M. Habib Bourguiba, mais le Bourguibisme est aussi associé pour nous au système de parti-unique, à la dictature et au despotisme.


Avec l'arrivée de Benali, la génération de mes parents était fort soulagée de voir la fin de la dictature de M. Habib Bourguiba. Mais ce qu'ils n'avaient pas vu venir c'est aussi l'enfant naturel de Bourguiba avec son parti-Etat, son despotisme, ses sbires et ses exactions. Le Bourguibisme, suivi d'une trêve d'une dizaine de mois en 1987 et 1988, a été très vite rattrapé par le Benalisme. Comble de l'histoire, et comme résultat de la révolution tunisienne-la révolution de la dignité, ces deux systèmes ont produit deux hommes à la tête des négociations pour une transition démocratique.


Le premier est un ancien ministre issu du Bourguibisme, ministre de l'intérieur en pleine répression des perspectivistes, mais aussi celui des affaires étrangères pendant les évènements de Hammam Chatt. Le second était Président de l'Université de Tunis II au moment même où la marginalisation des structures élues de l'Université était de mise puis Secrétaire d'Etat à l'Education pendant le règne du début de millénaire de benali. M. Béji Caied Sebssi est un homme politique, actuel Premier ministre du gouvernement provisoire et M. Rafaa Ben Achour est un spécialiste du droit public, ministre auprès du Premier ministre. C'est avec eux deux que les négociations juridiques battent leur plein pour la mise en place du Conseil Constitutionnel de la 2ème République.


Le slogan que je portais à El Kobba est « Non au Bourguibisme, Non au Benalisme ». Celui que je défendais en soutien à El Kasba est « Non au Populisme, Non à l'Islamisme ». Mais, finalement celui qui importe a toujours été « Non au parti-unique, Non à la dictature». Aujourd'hui les sbires du Benalisme, les complices du Bourguibisme et les opposants aux deux dictatures qu'a connue la Tunisie ont une chance historique de mener la Tunisie et les Tunisiens à la démocratie. C'est grâce à toutes les bonnes volontés, et c'est main dans la main, que la transition démocratique sera réussie en Tunisie.


Dernier point noir au tableau : les journaux et les télés qui ont été longtemps au service des dictatures tunisiennes. Les médias privés sont entrain de placer leurs Hommes, de piper l'échiquier politique tunisien par un journalisme partisan. Ces médias ne sortiront de cette logique destructrice que grâce à la vigilance des citoyens tunisiens, en les obligeant à faire leur travail d'information et de sensibilisation. Aussi, le slogan que je défendrai d'ores en avant dans la rue tunisienne est « Non au Berlusconisme ».