La première difficulté qui a rencontré le chemin de la révolution est la composition d'un gouvernement de transition. En moins de deux semaines, les différentes forces vives du pays se sont mises d'accord sur un exécutif composé de technocrates, de syndicalistes et de figures emblématiques de l'opposition et de la société civile.
La seconde difficulté, qui a été une menace depuis bien trop longtemps, est la sureté de l'état. Pour l'observateur de la vie politique tunisienne, le danger est toujours venu de certains cadres du ministère de l'intérieur et de la présidence. Deux semaines avant la fuite de benali, ma crainte était d'un coup d'état de la sureté.
Aujourd'hui, des structures parallèles, fidèles à l'ancien régime, sont entrain de jouer leurs dernières cartes : les miliciens armés polluent par leur présence les manifestations, des unités d'intervention de la police chargent pour terroriser les militants, des juges corrompus toujours en place dans les palais de justice, des membres de la commission sur la corruption connus pour leurs relations avec la famille de benali, etc.
Les semaines à venir seront cruciales pour la révolution tunisienne : il faudra identifier les donneurs d'ordre contre-révolutionnaires du ministère de l'intérieur et les juger. Cette étape sera surmontée si l'ordre des avocats et l'association des juges, ces deux corps fort respectés de la magistrature tunisienne, participent activement dans la formation des commissions, seules capables de mettre fin au benalisme.
Peu de tunisiens (dont les politiciens) sont conscients de ces enjeux, mais pas la grande majorité de la population. Je fais de mon mieux en discutant de cela avec mes ami(e)s, en informant mes élèves, en partageant des informations avec des inconnues sur mon blog, sur Twitter ou sur FB. Alors faites de même, participez positivement à notre révolution, la révolution citoyenne, en restant attentifs.
*Slogan porté par une manifestante de l'Avenue Habib Bourguiba