Non au Berlusconisme

Pour la génération de mes grands parents, le Bourguibisme était associé à la lutte nationale contre le colonialisme et la présence française en Tunisie. Pour la génération de mes parents, le Bourguibisme était, et est toujours, associé à la libération de la femme, à la gratuité de l'éducation entreprise en Tunisie, à la politique de santé et au modernisme de l'Etat. Pour les tunisiens de ma génération, il n'est pas question de nier ces avancés, réalisées du temps de M. Habib Bourguiba, mais le Bourguibisme est aussi associé pour nous au système de parti-unique, à la dictature et au despotisme.


Avec l'arrivée de Benali, la génération de mes parents était fort soulagée de voir la fin de la dictature de M. Habib Bourguiba. Mais ce qu'ils n'avaient pas vu venir c'est aussi l'enfant naturel de Bourguiba avec son parti-Etat, son despotisme, ses sbires et ses exactions. Le Bourguibisme, suivi d'une trêve d'une dizaine de mois en 1987 et 1988, a été très vite rattrapé par le Benalisme. Comble de l'histoire, et comme résultat de la révolution tunisienne-la révolution de la dignité, ces deux systèmes ont produit deux hommes à la tête des négociations pour une transition démocratique.


Le premier est un ancien ministre issu du Bourguibisme, ministre de l'intérieur en pleine répression des perspectivistes, mais aussi celui des affaires étrangères pendant les évènements de Hammam Chatt. Le second était Président de l'Université de Tunis II au moment même où la marginalisation des structures élues de l'Université était de mise puis Secrétaire d'Etat à l'Education pendant le règne du début de millénaire de benali. M. Béji Caied Sebssi est un homme politique, actuel Premier ministre du gouvernement provisoire et M. Rafaa Ben Achour est un spécialiste du droit public, ministre auprès du Premier ministre. C'est avec eux deux que les négociations juridiques battent leur plein pour la mise en place du Conseil Constitutionnel de la 2ème République.


Le slogan que je portais à El Kobba est « Non au Bourguibisme, Non au Benalisme ». Celui que je défendais en soutien à El Kasba est « Non au Populisme, Non à l'Islamisme ». Mais, finalement celui qui importe a toujours été « Non au parti-unique, Non à la dictature». Aujourd'hui les sbires du Benalisme, les complices du Bourguibisme et les opposants aux deux dictatures qu'a connue la Tunisie ont une chance historique de mener la Tunisie et les Tunisiens à la démocratie. C'est grâce à toutes les bonnes volontés, et c'est main dans la main, que la transition démocratique sera réussie en Tunisie.


Dernier point noir au tableau : les journaux et les télés qui ont été longtemps au service des dictatures tunisiennes. Les médias privés sont entrain de placer leurs Hommes, de piper l'échiquier politique tunisien par un journalisme partisan. Ces médias ne sortiront de cette logique destructrice que grâce à la vigilance des citoyens tunisiens, en les obligeant à faire leur travail d'information et de sensibilisation. Aussi, le slogan que je défendrai d'ores en avant dans la rue tunisienne est « Non au Berlusconisme ».