7 novembre 1987

J'ai passé toute la matinée du 7 novembre 2011, la tête plongée dans les archives de mon père. Des dizaines de boîtes comprenant aussi bien les notes de cours de mathématiques qu'il donnait, mais aussi les noms des syndicalistes emprisonnés en 1978 avec les adresses des familles pour acheminer l'aide... Je cherchais le premier document censuré par Zine El Abidine Ben Ali : le communiqué du Parti Communiste Tunisien, ancêtre du Mouvement Ettajdid, qui contrairement aux autres communiqués avait été publié que 8 jours plus tard et sous forme de certains extraits. 






Vous remarquerez que les conseillers de ZABA avaient alors repris l'appellation de Rassemblement Démocratique à leur profit : s'approprier l'idée et annihiler son effet. Cette appropriation des mots et des initiatives étaient une caractéristique du régime de Ben Ali : vider de sens les actions menées par l'opposition... Je note enfin que les écrits de mon père sont toujours d'actualité : les universitaires ont mis 30 ans pour s'unir dans un syndicat unique... J'espère de tout mon coeur que les progressistes sauront fusionner pour un parti de centre-gauche fort.

Mauvais sang et Justice exceptionnelle

La crise de confiance entre le gouvernement actuel et les forces vives du pays est devenue insupportable. La crise de confiance entre les tunisiens et certains partis politiques aussi. Je me fais du mauvais sang en voyant l'état de division des partis politiques longtemps alliés mais aussi pour l'état exécrable de la justice tunisienne. 

La semaine dernière l'effervescence atteignait son comble et la délivrance est venue le lundi 15 aout : sur tout le territoire tunisien des dizaines de milliers de manifestants avaient dénoncé la situation de la Justice. Des syndicalistes et des militants politiques de tout bord, des magistrats, des membres d'associations et surtout beaucoup d'inconnus avaient montré leur détermination de voir la situation évoluer dans le bon sens. Ce forcing a commencé à donner ses fruits : hier le Colonel Marouan Bouguerra venait confirmer l'existence de snipers isolés et ça ne s'arrêtera pas là. Ce n'est certes pas assez (de mon coté j'attends le changement du Ministre de la Justice avec impatience) mais des propositions concrètes, présentés notamment par Ettajdid sur la Justice transitionnelle et la Justice exceptionnelle seront, je l'espère, bien vite adoptées. Une fois encore, seule la pression de la rue fait bouger le gouvernement.

Malheureusement, les carences et le déficit de ce dernier en terme de communication et de crédibilité ne seront levés que suite à des élections libres et transparentes. Or face à une rue effervescente, les partis politiques en Tunisie me donne du mauvais sang. Ce qui s'était passé lundi à Tunis est un excellent exemple. Une manifestation devant le palais de Justice avec deux partis les plus réactionnaires (CPR et PCOT). Du coté de la Bourse du Travail, les syndicalistes de l'UGTT accompagnés du Watad, de Afak Tounes, du PTT, d'Ettajdid, de Nahdha, d'Ettaliaa, d'Ettakatol et de bien d'autres encore. Au niveau de la place Mohamed Ali se trouvaient d'autres syndicalistes en conflit ouvert avec Jrad ainsi que des jeunes révolutionnaires (pour la plupart engagés dans des actions de terrain après le 14 janvier). Malheureusement tout ce beau monde aurait dû partir d'un même point, mais des calculs politiciens ont donné l'impression de cette division (heureusement que partout ailleurs en Tunisie, les marches étaient unifiées). 

J'étais au milieu des syndicalistes et de militants de divers partis à l'avenue Mohamed V, des amis à moi, syndicalistes ou militants d'Ettajdid, se trouvaient quelques rues plus loin entre les pattes de policiers incontrôlables. Je voyais l'étau se resserrer : un piège tendu aux forces progressistes, longtemps opposés à benali, se refermait. Je n'étais pas la seule à le voir : des syndicalistes à coté de moi avaient alors commencé à crier Jrad Dégage ! les militants de partis comme Ettakatol faisaient circuler sur Twitter une fausse information comme quoi Moustapha Ben Jaafar n'était pas en première ligne à coté de Jrad (ils avaient même osé prétendre que les photos les montrant côté-à-côte étaient anciennes ou truquées !).

J'avais l'impression de participer à une pièce de théâtre : connaissant les dessous du coup d'état pour dégager les Trabelsi, certains partis, parfois comme des charognards, couraient derrière leur part du gâteau. Ils n'avaient aucun mal à piétiner leurs principes (accepter de l'argent d'Hommes corrompus en échange de l'impunité, comme l'a fait le PDP dès le mois de janvier), leurs anciens alliés (principalement des syndicalistes), leurs idéaux modernistes (alliances douteuses avec des islamistes)... Mais que voulez vous, chacun est libre de choisir sa voie vers le pouvoir. Heureusement que des dizaines de milliers d'autres tunisiens, se sont réveillés cette semaine : ils étaient tous dans la rue pour passer un même message : NO PASARAN !! 

Je l'avais écrit sur ce blog, sur mon mur FB et sur Twitter. Je l'avais crié dans les divers marches que j'ai faite avec mes amis politiques : mes craintes se sont renforcés suite à la nomination de Béji Caied Sebssi, une preuve supplémentaire, malgré les protestations de Kasbah, du maintien des destouriens au pouvoir.

Puis est venu les tractations sur les candidats à la Constituante des RCDistes et la délivrance de visas pour des partis présidés par ceux-là même qu'il fallait exclure de la scène politique. Un nombre impressionnant de partis formés par ces opportunistes assoiffés de pouvoir. Comme-ci plus de 20 ans de règne n'étaient pas suffisant ! Ensuite, les simulacres d'arrestations et de procès : c'était pourtant clair, depuis le départ, que la justice traditionnelle n'allait pas pouvoir répondre aux attentes des gens de la rue (ni de l'élite d'ailleurs). On savait que les dossiers étaient vides et qu'il fallait une machine judiciaire irréprochable et des magistrats incorruptibles, pour juger des atteintes des Barbouzes et des Hommes de benali. Ceux-là même qui avaient asservis le pays, les médias, la justice, l'université au service d'un système despotique et totalitaire. 

Des partis comme Ettajdid ou le PTT, excellent dans les communiqués, les propositions concrètes pour sortir de la crise, mais est-ce suffisant ? En cinq mois, les observateurs de la vie politique tunisienne n'ont eu droit qu'à de la mauvaise foi, au mépris, à la dérision et même à l'affront. Le gouvernement opposait, à des attentes légitimes de tout un peuple pour juger les responsables des crimes de plus d'une vingtaine d'années, des procédures juridiques de lois pénales !! C'en était, à la fois, anachronique et accablant, sous couvert d'indépendance de la justice.

Il fallait répondre dès la nomination de Béji Caied Sebssi (en mars) à ces attentes : ne disait-on pas que la rue voulait se venger !! Certains avaient même profité de cette exaspération pour envenimer les conflits tribaux... Mais la majorité était bien plus raisonnables et continuait à faire confiance au système mis en place après le 14 janvier pour que Justice soit rendue. Or le gouvernement traînait à prendre ces décisions. Pire, il participait au désordre ambiant ne voulant toujours pas signer la loi sur les partis. Ceci signifie simplement que ceux qui ont vendu leur âme au diable peuvent continuer à le faire au détriment d'autres qui ont des principes et une éthique noble.

Les tunisiens sont encore dans la rue et principalement à Sfax. La pression est toujours aussi présente et je souhaite de tout mon coeur qu'on va être écouté et qu'une justice transitionnelle ainsi qu'une justice d'exception seront mise en place pour tourner définitivement la page à la corruption. En attendant, et c'est ma conviction profonde, même si les Hommes fort de l'ancien régime continuent à sortir du territoire tunisien, la justice finira par les rattraper TOUS.


Lazhar Karoui Chebbi et la Justice !!

J'ai eu le privilège de lire le procès verbal de la réunion d'une délégation mandatée par la Haute Instance des Réformes Politiques avec le Ministre de la Justice en date du 10 aout 2011. Le contenu m'a absolument abasourdie, dégoutée et révoltée : on voit le décalage entre les attentes des tunisiens (présentées par les représentants de la HIRP) et les manigances sinon la mauvaise foi au niveau du ministère de la Justice. Je vous livre les principaux points et positions du Ministère de la Justice (il y en a tant de points soulevées par la délégation de la HIRP et qui soient restées sans réponse comme la fuite de Agrebi, les mutations des juges, la nature des affaires liées aux proches de benali, la libération deTekkari,...).
  • A sa prise de fonction, M. Chebbi avait préféré rétrograder certains juges (de mauvaise réputation) plutôt que des les traduire devant le Conseil de discipline (cette dernière procédure aurait alors pris plus de trois mois). Le ministre de la Justice est en train d'oeuvrer pour l'indépendance de la justice avec l'élection des membres du Conseil Supérieur de la Magistrature (en dehors du président, qui serait, selon M. chebbi, le premier président de la chambre de cassation). Sur la mutation de Najib Maaoui (le juge qui avait libéré Tekkari) au poste de président de la chambre de cassation, Lazhar Chebbi dit de lui qu'il est bosseur et clean. 
  • Le Ministre attend le rapport de l'Association des magistrats sur les juges corrompus. Il dit ne disposer d'aucune preuve à l'heure actuelle et qu'il ne veut léser injustement personne. De même, en lui parlant de l'initiative des 25 avocats qui se sont substitué au procureur de la république pour porter plainte contre les sbires du régime, Lazhar Chebbi disait clairement que c'est en découpant des articles dans les journaux que les juges d'instructions se rendent compte des affaires !!  
  • Il y a trois types de procès : ceux qui touchent les proches de benali, les affaires d'assassinats et de blessés et enfin les affaires de corruption. Des juges d'instructions sont chargés de ces affaires, mais le nombre de juges est réduit et Karoui Chebbi propose de prolonger l'âge de la retraite des juges de 60 à 65 ans ! Une autre proposition est d'intégrer des avoctas de cassation dans le corps des juges. Karoui Chebbi n'a pas répondu sur l'avenir des juges qui suivaient jadis les instructions تعليمات. En effet, le même juge de Taoufik Ben Brik est aujourd'hui responsable de l'affaire d'un des symboles de la corruption... 
  • La construction de deux cellules (pour les femmes appartenant à la famille Trabelsi ; deux cellules afin d'éviter les disputes entre-elles) à la prison de Mornaguia ainsi que d'une cellule supplémentaire (destinée aux hommes).  Ainsi les prisionniers Trabelsi seront transférés à Mornaguia dès la fin des travaux. 

Les délégués de la HIRP avaient réitéré leur souhait de voir le ministre de la Justice questionné devant les membres de la HIRP (sans succès jusque-là). Ils avaient démontré l'importance d'instaurer la justice transitionnelle en Tunisie : المسائلة قبل المسامحة. Des remarques restées sans réponses ont été évoquées sur la libération des proches de benali ainsi que des symboles de la corruption, l'importance d'un Conseil Supérieur de la Magistrature élu et la mise en place d'une branche spécialisée dans les affaires de corruption... 

Lundi 15 aout 2011, l'UGTT, le PTT, le Mouvement Ettajdid et surement d'autres partis et associations vont défiler dans les rues de Tunis. L'objectif premier de cette marche, qui sortira de la Bourse du travail à midi, est de mettre la pression sur le gouvernement actuel afin d'entamer les réformes tant attendues. Je suis convaincue que seul la pression de la rue fera plier le régime actuel. Soyons donc nombreux lundi à soutenir la transition démocratique en Tunisie. 

انا قيدت و إنتي وقتاه بش تقيد ؟

هذه أول مرة ندون بالدارجة ، المدونة هذه من أهم الذي كتبتو في حياتي.اليوم أول عيد جمهورية من غير طاغية. اليوم أول مرة في تاريخ تونس الشعب هو الذي بش يقرر مصيره، بعيد على الكوازي الذي حكمو بلادنا مدة أكثر من خمسين سنة.

اليوم أول مرة الإنتخابات بش تخرج من تحت يد الداخلية.
مسؤوليتنا الكل بش نعاون الجندوبي والهيئة الذي تشرف على إنتخابات أكتوبر.
اليد في اليد لازم انجحو أول تجربة إنتخابية شفافة : اليوم صوت التونسي مقدس.

لكن هذا الكل ما ينجم يكون من غير ما نضمنو الذي التوانسة قيدو باش ينجمو يصوتوا. أنا قيدت،لكن يلزم عائلتي تقيد، أصحابي يقيدو، جيراني يقيدو، نساء و رجال بلادي يقيدو...
لازم أكثرمن ستين ألف ملاحظ يعس على الإنتخابات. لازم نعملو على رواحنا بش إنجحو هالمسار : الثقة نبنيوها حجرة حجرة.
التوانسة ضحينا برشى، وتوا وقيت بش ناخذوا الذي نستاهلوه : مجلس تأسيسي يمثل الأغلبية من التوانسة، حكومة شرعية يصادق عليها المجلس بش تحكم تونس و رئيس مجلس عبارة على رئيس دولة.
بهذا الكل نكونو تخطينا أول خطوة لإنجاح ثورتنا. الخطوات التالية بش تكون زادة صعيبة،لكن الثقة و الشرعية يكونوا رجعوا.
قيدوا، شجعوا أصحابكم و معارفكم باش يقيدوا، بش غدوة تصوتوا للحزب، للقطب، للجبهة و إلا للمجموعة الذي تراوها تمثلكم.



Invitation à toutes mes connaissances : برا قيد

Quoi de mieux, en ce mois de juillet, que de faire son devoir et de s'inscrire sur les listes électorales. Les premiers 300 000 inscrits sur les listes électorales sont, à mon avis, ceux qui sont les plus politisés, les plus influencés par la télé, les partis, les associations. 

Mais tout le reste, i.e. plus de 5 000 000 de tunisiens, représente notre Tunisie profonde, cette Tunisie blasée par plus de 50 ans de système de parti unique. Il est du devoir de chacun d'entre-nous d'expliquer que la révolution ne fait que commencer, que ceci passe par le vote d'une Assemblée Constituante, qu'ensuite une justice transitionnelle sera mise en place et que des réformes économiques radicales seront entreprises. Il faudra accepter que tout cela va prendre du temps (au moins 2 ans) et que le gouvernement légitime qui sortira de l'Assemblée Nationale Constituante aura toute la légitimité pour entreprendre cette tâche difficile qui nous attends tous. 

Commençons donc par inviter nos amis, notre famille, nos voisins, nos connaissances à aller s'inscrire. Parce que le cycle électoral en Tunisie ne fait que commencer et qu'après l'ANC, il y aura les municipales, les législatives et tant d'autres encore... Parlons-en à nos enfants, de cette révolution électorale qui est en cours en Tunisie, de ce processus démocratique qui, j'en suis certaine, réussira parfaitement en Tunisie.  

Pour plus de détails sur les bureaux d'inscriptions, consultez http://www.isie.tn et comme cadeau, je vous invite à visiter le site http://www.debatunisie.com ;)

Botzaris36 مواطنين فرنسيس يباتو في الخلاء تضامنا مع المهجرين التوانسة

Ci-dessous le témoignage d'un ami français (Paul Da Silva : @Paul_Da_Silva) sur ce qui se passe actuellement à l'immeuble Botzaris (36 rue Botzaris, Paris) : 

يقول بول دى سيلفا  :
 
 Buttes Chaumont نستحقو إعانات في منتزه
 
  • غطاء، جراري،
  • (مشروبات (الكحول ممنوعة في المنتزه
  • ماكلة
  • دخان
  • لوازم صحية
  • باش و إلا حتى ساشيات زبلة كبار
  • مصادر ضو / كهرباء 
  • مواطنين مقتنعين انه الوضع ماهوش مقبول
  • صحفيين
  • حاشتنا ببرشا حاجات أساسية و مش لاقين حتى شي
 
 لحكاية اللي بش نحكيها تخص 30 شاب تونسي تحملو الرحلة
من بلادهم حتى لباريس، زوز مواطنين فرنسيس
و مجموعة من السياسيين إلي اختارت باش متتحركش ضد الظلم  
الجرائم ضد كرامة الإنسان.
 
  المشكلة اللي عندنا: لبارح مياة تونسي  في  مقر التجمع في  باريس و اللي مالقاوش  وين يباتو و لا اي ماساعدة مهما كانت   , التوانسة هوذوما تمّ طردهم على خاطر فمة وثائق في المقر هذا تعرّض, السياسيين في تونس و فرنسا,للمحاسبة اذا جات هالوثائق هذي في يد الصحافة او وقع استعمالها ضدهم في القضاء

السؤال اللي يتطرح هو : اش إنجموا نعملوا وقتلي احنا مجرد مواطنين عاديين نشوفو في إنتهاك حقوق الانسان (اللي يتطبقوا على جميع الناس مش كان للفرنسيس إلى أن يأتي ما يخالف هذا) في سبيل حماية بعض السياسيين كانوا متسامحين علناً مع النظام منذ 20 سنة اللي هو بيدو كان يضطهد في شعبه؟ كيفاش  إنجموا نناضل بش عباد، لحم ودم وبرشة حاجات أخرى، يكونوا  مستعرف بهم أنهم عباد  مش مجرد قلق وإلا مصدر خطر على طرف كاغذ و دسك دور (اللي بعضهم تهز)؟

 
في ألاخر فهمنا إللي حلها أننا المواطنين الفرنسيس نضغتو على السياسيين بعد ما رخص العبد في هالزمان 
 
(@Paul_Da_Silva) و انا  (@MsTeshi) هاذاكا علاش إليزابات
. قررنا بش ننضمو للتوانسة إللي بايتين في المنتزه  إللي نشوفوه قاعدين ننشرو فيه على التويتر لحظة بلحظة و ساعات نقصو بش نمشيو نشرجيو الباتري
مالصباح للعشية و حتى في الليل قعدنا مع المهاجرين في المنتزه إللي بالمناسبة نقول إللي هوما عباد باهينو ما لقاو كان البلاصة هاذي يباتو فيها
 
باش نحاول ننشر كل يوم وثيقة من هذا النوع، وانشالله ما يغلبنش التعب .  متاعو لازم تفهموا إلي نخيرو كل واحد يبات في دار،   قصر والتوانسة إلي تعرفنا عليهم يعاملوهم مليح، أما من بعد ما اتصلنا بالسفارة   

باش نحاول ننشر كل يوم وثيقة من هذا النوع، وانشالله ما يغلبنش التعب .  متاعو لازم تفهموا إلي نخيرو كل واحد يبات في دار،   قصر والتوانسة إلي تعرفنا عليهم يعاملوهم مليح، أما من بعد ما اتصلنا بالسفارة و قصر البلدية متع باريس ... ما توصلنا إلى حتى حل باش نسكنوا التوانسة هاذم وقررنا باش نقلبو الموازين و نعيشو كما يعيشوا هما.
 
نهار البارح كان مليء بالاحداث، إلي باش نحكيهملمكم. كنت ناوي باش نعدي نهار في داري مبنك في الصالة متاعي نتبع في إلي صاير في بتزرس بالتليفون، ريت بلاكا مكتوب عليها : المبنى فارغ وما عاد فيه حتى حد.  
 
سفارة تونس : 
خفت لا تاكل بعضها ياخي قررت باش نمشي غديكة. خلطت تقريب الساعة 15, الناس كل تسلم عليا و استقبلوني بتربية. حكينا شوية الناس الكل، و اكتشفنا إلي فما صحفية أخيراً جات و اهتمت بقضية اللاجئين التوانسة هاذم، ومش بالوثائق بركة.  عاد حكينا شوية و لخصنا إلي صار في الليلة إلي سبقت.
 
مع ماضي ساعة متع الليل تقريب، وقتها التوانسة راقدين في الحديقة، جات كميون متع بوليسية بل لمبتريك في يديهم و فيقت الجماعة، و الفازة فين، إلي هي بلدية باريس في علمها. حبوا هكاكة يفدوهم ويقلقهم وخاضت الدنيا و ولات فيها غاز مسيل للدموع و الحصيلة : 3 أولاد قصر باتوا في المستشفى
 
وصلتنا معلومات تقول إنو ثمة زوز توانسة موقوفين و هذا بالطبيعة حاجة موش قانونية بالنسبة لواحد مهاجر لفرانسا من فترة قصيرة ، هذاكة علاش نتصور أنهم في مركز إحتجاز
 
جبدنا رواحنا و مشينا لقهوة  باش نشرجوا الاتليفون و نحكوا مع الصحافي بآقل حس .الحوار تعدى باهي, و حكينالوا على لحكاية و نشكروه على حظوروا.و فهمنا اللي الاعلام هو  الوحيد  اللي ينجم يحل المشكلة.
 
الوقت هاذا الكل و الشتاء تجبد و نحنا في العراء و من غير غطاء متخبين تحت الشجر و إلا تحت باش كملو نحاوهولنا الأمن قال شنوة يفسد المنظر العام
 
ماناش بش ناقفو عند التفاصيل اليومية كيما مثلاً ، كيفاش شنعنا بش نظمو رواحنا و كيفاش نقسمو في الماكلة إلي موش متوفرة بكثرة.
 
زوز فرق متاع تلفزة : القناة الفرنسية 2 و 3
الزوز جاونا مباشرة و فسرنلهم  التفاصيل، و الفريق متاع فرانس 3 حب يدخل ( بالكاميرا متاع فرانس 2) ، وبطبيعة ما خلوهمش، وكيف عرفوا إلي ماهم ماخذين حتى وثيقة، روحوا   
 
من الشيرة الاخرى صحفية من فرانس 3 تقوم بعمل هايل على الأقل لمدة 2 سوايع  : تحكي مع اللاجئيين بالعربي و تصور محاولات العساسة التدخل بالعنف و ثمة حتة شكون خنقوه من قرجومتو.. كلمنا البوليسية وكانو متفهمين وقالولنا ريضو الجو رهو زايد الحديث مع العساسة  
 
وبعد فهمنا إللي هما جاو بش يحفظوا الأمن ويحرصو على تطبيق القانون و  قالولنا إلي المشروبات الكحولية ممنوعة وطلبو منا بش نلمو العلم التونسي. تبعنا التعليمات وكان فما تفاهم ما بين الأطراف الزوز
 
واحد مالتوانسة إللي حكيت معاهم جاني متقلق و حاشم بش يقلي راهو جيعان وما بقالهم تقريب حتى شي ياكلوه  ياخي طلبت من أهل الإحسان على ألتويتر فماشي ما يعاونونا شي قعدنا نستناو لين جاء واحد من معارفنا بالخبز و الماكلة و قعد يعمللنا في الكسكروتات 
 
مرة أخرى شفنا زوز صحافين في قهوة واغتنمنا الفرصة بش نشرجيو الباتريي و نحكيو معاهم على وضعية التوانسة  وعلى الوثائق إلي لقاوهم في المبنى وعلى التوجه متاعنا. واحد من الصحفيين وافق بش يقعد معانا ويسمعنا  و روح مخر زادة 
 
 وقتلي الصحافي مشى ياخو في في تصاور من ورى القرياج متع المنتزه خرجو العساسة كميونة من المبنى لا عرفناها لا معبية لا فارغة و للحظة هاذي ما رجعتش  
 
أمن باريس جا مبعد، ماركة العشرة متاع الليل بش يطلبوا منا نخرجو مل جردة  خاطر بش تسكر.  حاولنا نفسرولهم اللي هذا مستحيل ، واللي حتى حد فينا ماهو  باش يعمل قلق ولا إزعاج و مذبينا اسكرو الجردة  وحنا لداخل . حسيلو  فالاخر، بالمفاوضات اقتنعوا و خلاونا. نباتو فيها
 
مع الحداش - نصف الليل، قررنا نقعدو مع إليزابيث دو نعديو الليلة في   الجردة. كانت ليلة خايضة، ولوكان رقد واحد فينا درجين يتسمى سلكها. النوم  منك للستاك موش مرتاح بالكل، ما فيبلناش لحكاية هكا : هي لبسة روبة، وأنا  لابس كسوة، كسوة ولات الشكارة والبحر. والدنيا تمطر ساعات و تقص، والشجر  ميكفنوناش الكل وزيد برد .   
نحاول باش نرقد متكي على شجرة، وواحد مل أصحاب التوانسة كبش فيا تقريب  أربعة أدراج باش يعطيني بلاصتو نتمد فيها على راحتي وهو يقول "إنت ضيفنا"،  وأنا مذابيا نقولوا انتم هما ضيوف فرنسا ! 
 
مع الأربعة و عشرين دقيقة حسينا بالبرد ياخي قمنا نتمشاو ، و بعد فترة سمعنا كلاب تنبح و بعد عشرة دقايق جات سيارة شرطة و هبط منها واحد و جاء باش يحكي معنا ، وجهو كان مألوف و الأسئلة متاعو كانت موجهة ، كان يبدو عليه النشاط رغم أنو الوقت كان متأخر ، فهمنا بعد انو بوليس سيفيل من الجماعة إلي يدورو في الليل 
 
مع الستة متاع الصباح بعد ما زرنا المنتزه و إلي كان مسكر و فارغ تقريباً ، و مع شروق الشمس مشينا نشرجيو في بطاريات هواتفنا الجوالة إلي كانت تقريباً فارغة 

Liberté, Dignité, Modernité

Ce post a été écrit dans le cadre de la journée Jeudi 28 Avril, tous les internautes tunisiens pour la patrie. Il se veut civique et c'est une façon fort modeste de mettre la pression sur les partis politiques progressistes pour s'allier au Front moderniste. Moi qui suis de gauche, appelle mes ami(e)s de droite et ceux, beaucoup plus nombreux, qui sont apolitiques, à se rallier à ce Front. L'heure est certainement au pragmatisme. 

La plupart des partis politiques ont très vite compris l'énorme chance qui s'était présentée à eux le 14 janvier. Une stratégie, bien ficelée pour beaucoup, qui a donné lieu après plus de 14 semaines à 4 pôles politiques : les islamistes, les centristes libéraux, les extrémistes et la gauche. Pourquoi la gauche et non les partis de gauche ? Simplement parce que cette entité est entrain de réussir un Front électoral inédit en Tunisie. Un Front qui défendra les mots d'ordre scandés depuis les villages les plus reculés jusqu'aux quartier les plus huppés : « Travail, Liberté, Dignité : شغل، حرية، كرامة وطنية» . Un Front qui, à mon sens, créera la surprise le 24 juillet.

Depuis les années 70, l'opposition politique en Tunisie a baigné dans cette mouvance, allant du communisme au socialisme, mais avec une constance indéniable : l'honnêteté et l'engagement pour la Tunisie. Ce sont aussi bien des ouvriers, des intellectuels, des syndicalistes et des nantis qui ont combattu Bourguiba et son despotisme, Ben Ali et sa dictature, tout en défendant un ordre rationnel et des idéaux progressistes et de liberté. 

Aujourd'hui, et suite à l'appel d'associations, d'artistes, d'intellectuels, de blogueurs et de cyber-dissidents, les partis politiques à l'image du Mouvement Ettajdid, du Parti Socialiste de Gauche et d'autres encore, se voient rejoints autour de valeurs longtemps rêvées et le temps est venu de les mettre en pratique. D'abord, c'est une alliance pour la dignité. Il est d'ailleurs impossible de parler de ce caractère sans justice sociale et progrès économique. De telles évolutions seront possibles par l'augmentation du confort des tunisiennes et des tunisiens en terme de transport, de santé et d'éducation : des systèmes qui se doivent d'être accessibles et performants. Ensuite, c'est une union pour la liberté, contre l'arbitraire des pouvoirs (religieux ou policier). Enfin, c'est la logique mathématique qui le veut : en tenant compte du quotient de l'équation électorale au plus fort reste, l'intuition politique dit que c'est dans l'union que résidera la force. 

Les tunisiennes et les tunisiens se sont enfin réconciliés avec la politique : une démocratisation saine de la Tunisie se fera par l'élection des conseillers municipaux, par une estimation des besoins et une prise de décision décentralisées. La constitution du Front servira de relais sur le terrain. Il s'agira pour les femmes et les hommes, unis autour d'un modèle progressiste, de convaincre que les liberté intellectuelles, culturelles et de croyance, seront préservés en votant pour les femmes et les hommes du Front. Il s'agira, par une campagne door-to-door, de mettre l'accent sur le programme économique à accomplir, par exemple en terme d'investissement domestique. Il s'agira de rallier les femmes au foyer, les étudiants, les chômeurs, les salariés, les indépendants à la cause du Front. 

Tout cela appuiera des personnalités qui écriront une nouvelle constitution pour la Tunisie. Une constitution qui consacrerait l'identité arabo-musulmane de la Tunisie mais qui garantirait l'égalité entre les femmes et les hommes. En attendant que ces douces revendications se réalisent, il y a un Front progressiste à soutenir et à rejoindre. L'essentiel étant de s'unir autour de femmes et d'hommes résistants, honnêtes, rassembleurs. C'est l'objet premier du Front : défendre la citoyenneté et la modernité, soutenir la démocratisation de la Tunisie, sortir des calculs politiciens ou de leadership pour s'inscrire dans un programme où la dignité des tunisiennes et des tunisiennes ainsi que leurs libertés seront bien défendus. 


Zeineb

Il y a plus de 13 ans, j'écrivais sous le pseudonyme Zeineb. Je le faisais de manière modeste, principalement dans des forums de discussions et aussi sur e-jarida. Je dénonçais alors les manipulations de Abdelwahab Abdallah et de ces élèves (qui avaient alors appris à manier le copier-coller pour leurs sombres besognes). Ces nouveaux policiers du net avaient pour fonction de saturer les forums par leurs rhétoriques. Ils vidaient les mots de leurs sens et je m'amusais (avec d'autres) de restaurer le verbe et l'analyse, par de simples copier-coller rectificatifs. Ci-dessous un de mes derniers posts en tant que Zeineb :  


Une "Intellectuelle" et sa peur par Zeineb (Avril 2000)


Avant de faire le bonheur de la bourse, Internet est d'abord un vrai espace de liberté et c'est le lieu rêvé pour les intellectuels tunisiens d'exposer sans contraintes leurs idées. 

C'est avec beaucoup d'émotion que j'ai relu le témoignage du journaliste Taoufik ben Brik. Il est, comme tant d'autres résistants au regime tunisien, MARGINALISE. Ca faisait pourtant très longtemps que j'avais envie d'envoyer un mail ou un fax en particulier à Radhia Nasraoui pour lui temoigner mon soutien. Mais, c'est la peur devenue ancrée en moi qui m'a empêchée de le faire. Une peur d'être identifiée, une peur pour ma famille et mes amis.

Je ne suis pourtant qu'une simple citoyenne qui par la force de la repression ne peux plus donner un avis critique. C'est triste que pour un acte aussi banal qu'envoyer un message à un forum comme celui-ci, je me sente obligée de changer mon prénom et d'essayer de masquer mon adresse et mon numéro IP. Je ne suis probablement pas la seule en Tunisie à vouloir une réelle liberté d'expression, de la transparence dans les affaires de l'Etat et bien sûr une justice pour tous.
C'est souvent la même question qui revient dans les dialogues (ou esprit des messages) entre les internautes tunisiens et c'est un problème représentatif dans la population tunisienne : le(la) tunisien(ne) moyen(ne) se pose une question essentielle (tabou et pas du tout caprice) sur lui(elle-même : dois-je être reconnaissant(e) a Zine Ben Ali comme le sont devenu les tunisiens pour Habib Bourguiba ?

Ma réponse à cette question est NON : Bourguiba a libéré la femme, il a généralisé l'éducation à toute la population et a démocratisé la santé. Mais, Bourguiba est resté 20 ans de trop à la tête de la Tunisie, ce qui a crée un régime dictatorial et policier que percute Ben Ali. Il n'y a, d'après moi, aucun changement significatif de la politique en Tunisie (à part peut-etre le pacte national signé entre les differentes forces politiques du pays entre 1987-1989).

ZBA est la continuité de Bourguiba et le problème vient de là puisque le régime ne peut qu'empirer. D'ailleurs, l'excellent rapport du CNLT le souligne parfaitement. Il retrace la vie de pas mal de tunisiens depuis 1991 et nous pouvons même lire les noms des tortionnaires et des magistrats complices. N'est-ce pas extraordinaire de mettre à la disposition du "peuple" (grâce à un travail extrêmement sérieux et courageux) ce type d'informations.

J'aimerais enfin remercier tous les resistants pour leurs messages. Ca m'a permis d'avoir une idée sur ce qui se passait réellement à Tunis, mais aussi de me rassurer sur  leur état. Je n'ai jamais vu Sihem Ben Sedrine (ni Omar Mestiri), mais je les considère désormais comme faisant partie de la famille. Leur combat est difficile, mais beaucoup de tunisiens (et moi en premier) les envient. Ils ont la rage de dire non (peut-etre par la force des choses, mais quel courage !! ).

J'hésite encore à poster ce message sur le forum. La peur va me ronger pour encore pas mal de temps. A chaque fois que je verrais un policier, je regretterais cette lettre. Alors pourquoi le faire ? Peut-être pour témoigner justement de cette peur.  Priez pour que rien ne m'arrive.

PS- Je n'ai pas menti sur mon sexe, ce qui prouve que je ne suis pas si peureuse que ca. 





Une première en Tunisie : un miroir SAGEmath

Une première en Tunisie et dans le monde arabe : le logiciel libre SAGEmath est disponible en téléchargement depuis l'ATI http://sagemath.mirror.tn/

SAGEmath est un ensemble de logiciels mathématiques libres. C'est la synthèse entre Matlab et Maple et c'est écrit sur Python.

N'hésitez pas à le télécharger et à l'essayer :) 



Compte rendu de la première rencontre Politiques Progressistes-Activistes du Libre



Mlle Melek Jebnoun, membre de la communauté du Logiciel Libre en Tunisie, avait résumé la thématique de la Table ronde par le mot Liberté : « les logiciels libres étant des logiciels dont l'utilisation, l'étude, la modification et la duplication, en vue de leur diffusion, sont permises, que ce soit sur le plan technique ou bien légal ».

La table ronde, prévue le 8 avril 2010 de 17h30 à 19h30 a commencé à 18h00 et s'est terminée à 21h00. Cette rencontre, préparée par M. Rafik Ouerchfani, Mme Ines Abdeljaoued et M. Taoufik Karkar, était organisée pour le compte du Mouvement Ettajdid à Tunis. Deux volets avaient été traités : le premier concernait le passé, le présent et l'avenir du Logiciel Libre en Tunisie. Le second volet portait sur le libre accès à l'information et aux données.


Il y a eu une trentaine de présents avec 5 interventions prévues : M. Raouf Bennaceur (Universitaire), Mme Mona Laroussi (Universitaire), M. Najib Farza (Expert), M. Samy Chapoutot (Entrepreneur) et M. Majed Khalfallah (Directeur à la Sonède). De plus, d'autres interventions ont suivi : M. Zied Ben Salem (Entrepreneur SS2L), M. Nicolas Diaz (webmaster pour la LTDH) et M. Paul Da Silva (Président du Parti Pirate Français). Des membres de la communauté du Logiciel Libre ainsi que des membres du public présent avaient pu s'exprimer sur la promotion de l'Informatique Libre.

Le Chairman, M. Taoufik Karkar, a commencé par souhaiter la bienvenue aux invités et à préciser que le Mouvement Ettajdid est un fervent défenseur du Logiciel Libres en Tunisie. Les permanents du Mouvement Ettajdid ayant pris l'habitude de travailler sur le système d'exploitation Ubuntu depuis 2005. Il a ensuite donné la parole à deux universitaires : M. Raouf Bennaceur avait fait un état des lieux sur l'utilisation des logiciels libres dans l'enseignement et la recherche. Dans le même cadre, Mme Mona Laroussi avait présenté l'enseignement à distance avec comme support des plateformes à formats ouverts.

Rassembler des e-enseignants en e-learning. Ces deux interventions ont mis l'accent sur l'importance de dépasser les entraves technologiques et institutionnelles. Ceci est possible grâce au partage de l'information ainsi que par l'intelligence collective. Ils ont invité les enseignants-chercheurs à se rassembler en tant que e-enseignants par l'encouragement des ressources à accès libre et gratuit, c'est-à-dire en tant que producteurs d'e-learning. Ainsi, les élèves, les étudiants et la plupart des corps de métiers pourront choisir au lieu de subir.
L'intervention de M. Najib Farza, expert et pionnier de l'Informatique en Tunisie (informaticien depuis 1969), avait mis l'accent sur l'ambiguité de la politique tunisienne concernant le Logiciel Libre. En dépit de l'existence d'un Secrétariat d'Etat dédié au Logiciel Libre depuis 2003, le gouvernement tunisien avait signé une convention sur 5 ans en 2006 et un gros contrat en 2011 avec une société de logiciels propriétaires. La stratégie du Libre en Tunisie n'est en fait qu'un leurre : le Secrétariat d'Etat au Logiciel Libre ayant toujours agit timidement, avec peu de mesures incitatives et peu de moyens.

Le secteur bancaire était touché avec des sanctions et des ventes de licences : M. Najib Farza avait rappelé qu'une enquête de Business Software Allianz en janvier 2001 avait entraîné le payement de plus de 1 million de dinars d'amendes et l'achat par la STB pour 472 millions de dinars de licences. Des sommes considérables sont en jeu alors que les retombés ne sont pas au bénéfice de la Tunisie mais de multinationales étrangères : les lobbyistes du Logiciel Propriétaire valorisent le service au détriment de la création et du développement de produits.

En effet, M. Samy Chapoutot, entrepreneur SS2L, avait relevé les vraies enjeux des logiciels libres dans le monde : près de 95% des serveurs tournent sur des logiciels propriétaires type APACHE contre 5% de propriétaires. Un simple utilisateur n'a pas idée des avantages indéniables des logiciels libres et ceci pour cause de matraquage publicitaire. Par exemple, l'interfaçage sur des logiciels libres est beaucoup plus simple à réaliser que sur des logiciels propriétaires, il est également sans coût. La créativité et la qualité des logiciels libres viennent de l'adhésion d'un nombre important d'utilisateurs. Aussi, l'aspect sécuritaire est sans commune mesure : la feuille de route du développement est dictée par l'utilisateur et non par le distributeur (comme c'est le cas des logiciels propriétaires).

Si on prend le cas de Microsoft Tunisie (qui est une société de seulement 20 employés) où les contrats de maintenance sont de 3 ans renouvelables à condition d'acheter une nouvelle licence dans 3 ans : c'est une société qui investit le monde de l'éducation sans établir de valeur ajoutée, par la distribution de franchises, de locations de licences, de certifications au détriment de l'innovation et de la création. Le mirage étant de croire que les logiciels propriétaires aideront à créer une industrie locale.

L'adaptabilité des logiciels libres représente une sorte de démocratie locale. Adopter les logiciels libres signifie une évolution certaine en terme d'innovation technique, économique et humaine.

Le choix de logiciels libres est un choix stratégique. Certains pays comme l'Allemagne, la Russie, le Brésil ont adopté entièrement ou partiellement ce système. M. Najib Farza avait attiré l'attention sur le cas d'Israel : une loi y interdit l’acquisition d'ordinateurs avec des logiciels pré-installés : cette disposition encourage le développement du Logiciel Libre au niveau des institutions publiques. Certaines administrations locales aux USA ont basculé vers les logiciels libres. Voilà donc la meilleure preuve que ce modèle fonctionne à très très grande échelle : l'échelle de pays.

La progression du Logiciel Libre est indéniable dans le monde puisqu'il en va de la souveraineté des Etats. Il y a un engagement fort, des investissements, une demande mondiale au niveau des logiciels libres pour se positionner sur cette niche. La prévision de développement du secteur du Logiciel Libre en 2011 est de l'ordre de 2,5 milliard d'Euros pour un volume global d'au moins 10 milliards d'Euros.

En Tunisie, le basculement vers les logiciels propriétaires touche aujourd'hui des secteurs stratégiques (bancaire, éducatif, juridique) et des domaines réservés (intérieur, défense) et il est important d'y remédier. La résistance s'est organisée d'abord au niveau de la communauté des enseignants (comme l'ont si bien rappelé M. Raouf Bennaceur et Mme Mona Laroussi) puis avec la prolifération de sociétés de service et des unités de support des logiciels libres (les certifications valorisent le choix des logiciels libres et assurent leur crédibilité sur le marché).

La circulation de l'Information. Qui détient l'information détient le pouvoir : les données sont obtenues grâce aux deniers publics devraient être à accès libre. M. Najib Farza a démontré l'importance de pouvoir, par exemple, disposer ouvertement des données de l'Institut National de la Statistique afin d'assurer le développement économique et social en Tunisie. Accéder aux informations, les traiter et les analyser en toute liberté (et non comme le voudrait les décideurs politiques d'avant le 14 janvier), déchiffrer l'information et le savoir mènerait au progrès et à la modernisation de la Tunisie. Les intervenants ont convergé vers l'idée de l'Open Knowledge (le savoir), de l'Open Governement (la gouvernance) et de l'Open Data (l'information).

Le témoignage de M. Majed Khalfallah, directeur Informatique à la Sonède, allait dans ce sens, mais plus encore dans l'intérêt de l'Informatique Libre pour des citoyennes et des citoyens libres. Sur un plan stratégique, M. Majed Khalfallah avait fait le rapport entre les logiciels libres et la pierre de Rosette : écrire un même texte en 2 langages différents avait permis de déchiffrer l'égyptien ancien grâce au grec ancien, est synonyme d'utiliser du code informatique sur des logiciels ouverts et connus (et non des boîtes noires comme c'est souvent le cas avec des logiciels propriétaires). D'où l'importance de garder la mémoire numérique d'un pays en développant sur des logiciels libres.

Sur un plan économique, M. Majed Khalfallah avait présenté des développement effectués par une équipe d'informaticiens tunisiens à Tunisie Télécom, où toute la chaîne prépayée était basée sur des logiciels libres. L'idée que le Logiciel Propriétaire est synonyme de professionnalisme est donc fausse, puisque des failles de sécurité sont souvent observés. En effet, l'armée allemande avait rencontré des problèmes de sécurité qui pouvaient être associés à de l'espionnage : elle avait alors décidé de migrer vers des systèmes d'exploitation libres pour des raisons de souveraineté.

Expériences dans la valorisation de l'emploi local. Un pays comme le Brésil avait choisit d’investir dans le Logiciel Libre (avec un système d'exploitation Ubutntu personnalisé à ce pays). Pourtant une multinationale avait alors proposée un package de 15$ sans succès (contrairement aux packages à 170$ achetés par le gouvernement tunisien). Pour M. Luiz Lula da Silva, il s'agissait de privilégier les intérêts du Brésil en terme de création de richesse, d'emplois et de sécurité.

M. Zied Ben Salem, entrepreneur SS2L, qui avait oeuvré à titre bénévole sur l'employabilité des jeunes diplômés du supérieur avait parlé de son expérience dans ce domaine. Un programme sans frais ni coûts contrairement au programme 21/21. Une réussite quasi totale qui a valu au programme d'être stoppé net par le ministère de l'emploi, parce que faisant de l'ombre au programme 21/21. Les référentiels du programme initiés par M. Zied Ben Salem ont été exportés en Inde où 3 cycles d'emplois avaient été validés.
Ces expériences montrent qu'une intelligence collective est plus fructueuse qu'une expérience individuelle. Cette opposition se concrétise parfaitement avec les logiciels libres versus les logiciels propriétaires.

Conseils sur des stratégies à suivre. Les perspectives du Logiciel Libre dans le secteur privé et le secteur public résident dans une assistance de qualité, un service de proximité, une absence de coût de maintenance et de licences. Le vide au niveau de la stratégie informatique en Tunisie pourrait être comblée par l'encouragement à la création d'unités de support (avec un investissement en ressources humaines et en moyens pouvant aller de 5 000 à 50 000 dinars et pourquoi pas beaucoup plus) afin de renforcer la communauté du Logiciel Libre et afin d'organiser des salons du Logiciel Libre au niveau national et régional.

Ceci dit, M. Najib Farza prends le soin de préciser que Logiciel Libre ne veut pas dire absence de Logiciel Propriétaire. Dans le but de dynamiser le secteur des services, de protéger notre pays des logiciels propriétaires pratiquant le back door (une porte secrète permettant au logiciel propriétaire de dérober à l'insu de l'utilisateur des données personnelles), M. Najib Farza a noté qu'une issue viable et crédible est possible pour l'administration qui devrait tenir un engagement ferme sur une utilisation proportionnelle ou totale du Logiciel Libre selon les secteurs. L'exclusivité étant difficile à vivre.

Des membres de la communauté du Logiciel Libre ainsi que des membres du Mouvement Ettajdid ont émis un certain nombre de remarques portant sur l'Informatique Libre. Beaucoup avaient notés qu'une forte pression est faite dans les entreprises publiques pour aller vers le choix du propriétaire et une faiblesse considérable est à noter du coté des défenseurs du Logiciel Libre.

M. Rafik Ouerchfani, fervent défenseur de Ubuntu (système d’exploitation Africain) porte la faute aux lobbyistes de l'Open source qui, selon lui, ont une grande part de responsabilités concernant l'échec de la politique du Logiciel Libre en Tunisie. Par exemple, la validation du dernier contrat (en date de mars 2011) entre Microsoft Tunisie et 3 banques publiques était négocié, sans tenir compte des différents décrets appelant à l'utilisation des logiciels libres dans les administrations, bloqué par le président déchu de la République Tunisienne mais signé deux mois après son départ par son successeur intérimaire ! M. Rafik Ouerchfani avait noté que ces lobbyistes n'avaient pas su défendre les intérêts du Logiciel Libre dans les sociétés publiques tunisiennes, laissant la porte grande ouverte aux lobbyistes du Logiciel Propriétaire.

Du coté des experts internationaux, M. Nicolas Diaz, webmaster de la Fédération Internationale des Droits de l'Homme, avait noté que la Tunisie était, pour les logiciels propriétaires, un laboratoire du Maghreb : le citoyen était considéré avant tout comme consommateur et non comme citoyen. La relation dangereuse entre Microsoft et le gouvernement tunisien est essentiellement visible sur la colonne vertébrale de la Tunisie : l'Education. La matière grise des tunisiens est en effet gâchée par des solutions toute prête : des licences de logiciels propriétaires étant proposés à 5D pour nos écoliers.

D'autre part, M. Rafik Rezin avait appelé la communauté du Libre en Tunisie à travailler d'arrache pied sur un système d'exploitation tunisien. M. Paul Da Silva, Président du Parti Pirate Français, avait noté l'importance pour les tunisiennes et les tunisiens de garantir, dans la constituante, l'utilisation des logiciels libres. La balle est aujourd'hui entre les mains de la communauté tunisienne du Logiciel Libre qui doit mieux s'organiser et se battre. M. Taoufik Karkar avait conclut la Table ronde par un appel à la communauté du Logiciel Libre en Tunisie : rédiger une charte sur l'Informatique Libre à l'intention des femmes et des hommes politiques, candidats à la constituante.

Ines Abdeljaoued Tej
http://sagemath.mirror.tn

Informatique Libre pour Citoyens Libres

Si un Etat veut hacker ses citoyens, Microsoft ferme les yeux...

Nul n'ignore le danger de l'appropriation de l'information et du savoir par des intérêts privés. Il y va de la souveraineté nationale. Aussi, et à l'instar du Brésil où l'utilisation des logiciels libres est générale au sein des administrations, ces solutions informatiques sont une alternative judicieuse : la force des logiciels libres s'affirme de jour en jour puisque les sources sont disponibles et plusieurs compétences travaillent à leurs mises à jour ainsi qu'à leurs nouvelles fonctionnalités, ce qui représente un vivier d'emplois formidable ainsi qu'une chance pour developper une économie du Savoir solidaire et durable.

Révolution Oblige, il y a lieu de s'interroger sur le processus qui a mené à la validation du Décret 261/2011 du 4 mars 2011 relatif au contrat de gré à gré entre les banques publiques tunisiennes (STB, BNA et BH) d'une part et Microsoft Tunisie d'autre part en vue de la mise en place de l'infrastructure de base de ces établissements. N'est-ce pas étonnant de voir l'annuité par PC égale à 170$ (avec une augmentation de 10% par an depuis 2006) alors que la moyenne mondiale ne dépassait pas 100$ ?! Des éclaircissements sont attendus sur le niveau d'implication de la commission supérieure des marchés, ainsi que des structures techniques du ministère des finances et la tutelle technique du secteur représentée par le Ministère de l'Industrie et des Technologies. Il est donc essentiel que le gouvernement de transition communique urgemment sur cette signature et qu'il publie les avis et les accords passés, entre la Tunisie et Microsoft.

Nous rappellons, par exemple, que le marché de Global Banking signé par la Banque de l'Habitat avait été attribué à MEDSOFT propriété de Slim Zarrouk, gendre du président déchu. Le Décret n'est pas sans rappeler d'ailleurs les méthodes de l'ancien régime permettant de rétribuer ses affidés par la distribution de commissions à la signature de telles conventions. A cette occasion, il convient d'affirmer la nécessité de la transparence totale sur ce point et du renforcement du rôle de l'Instance pour la protection des données personnelles et la révision de sa composition.

Notre position ferme en faveur des logiciels libres vecteurs d'innovation et des formats ouverts et du danger de l'appropriation de l'information et du savoir par des intérêts privés, nous pousse à s'interroger sur l'efficacité de l'unité de gestion par objectif au sein du ministère de l'industrie et des technologies pour la mise en œuvre d'un plan national dans le domaine du logiciel libre. Le Décret de création 1249/2003 à été prorogé à de multiples reprises en 2007, 2009 et 2010 et sa réactivation effective ainsi que le renforcement de cette unité sont les garants de la souveraineté nationale.

Nous devons s'interroger sur l'efficacité des instances mises en place jusqu'à aujourd'hui et appellons l'ensemble des acteurs à rejoindre les forces mobilisées pour promouvoir les logiciels libres et construire ensemble une stratégie nationale en vu de developper le savoir faire Tunisien générateur d'économies pour l'Etat et générateur de Valeur à l'éxportation. Il est temps qu'un mouvement d'opinion en faveur de la promotion et de l'utilisation de logiciels libres, vecteurs d'innovation et des formats ouverts soient soutenu.
Ines Abdeljaoued Tej
Utilisateurs de Logiciels Libres en Tunisie


*Le titre se réfère à l'article de Fabrice Epelboin publié le 18 mars 2011 dans RUE89 :

Non au Berlusconisme

Pour la génération de mes grands parents, le Bourguibisme était associé à la lutte nationale contre le colonialisme et la présence française en Tunisie. Pour la génération de mes parents, le Bourguibisme était, et est toujours, associé à la libération de la femme, à la gratuité de l'éducation entreprise en Tunisie, à la politique de santé et au modernisme de l'Etat. Pour les tunisiens de ma génération, il n'est pas question de nier ces avancés, réalisées du temps de M. Habib Bourguiba, mais le Bourguibisme est aussi associé pour nous au système de parti-unique, à la dictature et au despotisme.


Avec l'arrivée de Benali, la génération de mes parents était fort soulagée de voir la fin de la dictature de M. Habib Bourguiba. Mais ce qu'ils n'avaient pas vu venir c'est aussi l'enfant naturel de Bourguiba avec son parti-Etat, son despotisme, ses sbires et ses exactions. Le Bourguibisme, suivi d'une trêve d'une dizaine de mois en 1987 et 1988, a été très vite rattrapé par le Benalisme. Comble de l'histoire, et comme résultat de la révolution tunisienne-la révolution de la dignité, ces deux systèmes ont produit deux hommes à la tête des négociations pour une transition démocratique.


Le premier est un ancien ministre issu du Bourguibisme, ministre de l'intérieur en pleine répression des perspectivistes, mais aussi celui des affaires étrangères pendant les évènements de Hammam Chatt. Le second était Président de l'Université de Tunis II au moment même où la marginalisation des structures élues de l'Université était de mise puis Secrétaire d'Etat à l'Education pendant le règne du début de millénaire de benali. M. Béji Caied Sebssi est un homme politique, actuel Premier ministre du gouvernement provisoire et M. Rafaa Ben Achour est un spécialiste du droit public, ministre auprès du Premier ministre. C'est avec eux deux que les négociations juridiques battent leur plein pour la mise en place du Conseil Constitutionnel de la 2ème République.


Le slogan que je portais à El Kobba est « Non au Bourguibisme, Non au Benalisme ». Celui que je défendais en soutien à El Kasba est « Non au Populisme, Non à l'Islamisme ». Mais, finalement celui qui importe a toujours été « Non au parti-unique, Non à la dictature». Aujourd'hui les sbires du Benalisme, les complices du Bourguibisme et les opposants aux deux dictatures qu'a connue la Tunisie ont une chance historique de mener la Tunisie et les Tunisiens à la démocratie. C'est grâce à toutes les bonnes volontés, et c'est main dans la main, que la transition démocratique sera réussie en Tunisie.


Dernier point noir au tableau : les journaux et les télés qui ont été longtemps au service des dictatures tunisiennes. Les médias privés sont entrain de placer leurs Hommes, de piper l'échiquier politique tunisien par un journalisme partisan. Ces médias ne sortiront de cette logique destructrice que grâce à la vigilance des citoyens tunisiens, en les obligeant à faire leur travail d'information et de sensibilisation. Aussi, le slogan que je défendrai d'ores en avant dans la rue tunisienne est « Non au Berlusconisme ».

La majorité silencieuse

Ce qui exaspère une bonne partie des tunisiens, c'est la communication désastreuse du gouvernement de transition. Pourtant, les revendications sont simples : démettre de leurs fonctions ceux qui ont profité du système benali et qui, aujourd'hui, se font une nouvelle virginité, grâce aux télés (d'ailleurs le mauve est toujours de mise dans le fond et la forme de la Télé Nationale).

Je pense, très modestement, que la confiance reviendra le jour où la communication du gouvernement changera. En effet, il faudra compter sur un(e) porte parole du gouvernement entouré(e) de professionnels travaillant à plein temps et communiquant quotidiennement sur les actions du gouvernement. Cette cellule fera le lien entre le gouvernement, les différents ministères et les journalistes. Les interventions seront filmés et postés sur FB, twitter et la TAP.

Certains demandent la tête de M. Ghannouchi, mais je ne crois pas que ce soit lui la source du problème. En revanche, le départ de certains directeurs et cadres de la plupart des ministères, qui sont connus pour leur malveillance, permettrait de retrouver un peu de calme. Etre à l'écoute de l'association des juges et à leur tête le juge Hamrouni, qui dénonce les décisions prises à l'encontre de juges corrompus et aux ordres, sans que leur travail durant des dizaines d'années soit apprécié. Porter plainte contre Mlika, Miled, Jrad, Ganzoui, Zarrouk, Mabrouk, Matri, Abdallah, Kallel ... et pourquoi pas H. Baccouche pour abus de pouvoir, et communiquer sur ces plaintes ne peut que conforter la position du gouvernement.

J'ai vécue l'affaire A. Ounaies comme la première sonnette d'alarme. Qu'attendent les membres du gouvernement et en particulier le ministère de la justice pour prendre au sérieux la menace du déficit de communication ???

Les pétasses de la République

Les prostituées de Mahdia, de Kairouan ou de Tunis se distinguent des pétasses qui sabotent notre démocratie. Les prostituées font partie de n'importe quelle société arabo-musulmane, ce sont des êtres humains et elles ont des droits.

Dans les bordels de la république tunisienne, l'hygiène est respectée, un médecin fait des visites régulières et le préservatif fait légion. Tout n'est certainement pas parfait, loin de là, mais je suis intimement convaincue que le plus vieux métier du monde est d'utilité publique en Tunisie : maintenant que les réservistes de l'armée sont dans les rues, la prostitution trouve plus que jamais son sens.

De l'autre coté de la rue, les agissements des pétasses sont très néfastes. D'ailleurs, ce ne sont pas des femmes, mais des hommes. Leur objectif est de saloper le processus de démocratisation en cours. Comment font-ils ? Ils investissent les rues et les mosquées pour impressionner les tunisiens mais surtout les étrangers. Ils manifestent devant des synagogues, ferment des bars, terrorisent des restaurant. D'autres ont égorgé un prêtre polonais de Mannouba. Leur but est le même : prouver que la menace de l'islamisme est réelle en Tunisie.

Or, ce que semblent ignorer ces pétasses, c'est que nous sommes désormais vigilants. Je ne suis pas impressionnée par ces agissements. Bien au contraire : j'attends à ce qu'une approche réglementaire de la prostitution soit élaborée en Tunisie (comme c'est d'ailleurs le cas en Turquie). Le #16juin2014 la prostitution sera certainement une activité légale professionnelle et les prostituées auront un statut réglementé.

J'attends aussi que les pétasses qui sèment la terreur dans les minorités (religieuses, politiques ou sociales) soient punies sévèrement, mais ceci n'attendra pas 3 ans !

Pour conclure, je dirais que cet après midi, une marche pour la liberté et la laïcité aura lieu à l'Avenue Habib Bourguiba, venez nombreux défendre notre droit à la démocratisation.

un gouvernement qui navigue à vue

A part quelques rares ministères qui fonctionnent dans le bon sens (mise à l'écart de certains sbires de benali, dialogue constructif avec les syndicats, réponses à certains problèmes urgents), d'autres naviguent toujours à vue. A se demander ce qu'ils sont entrain de faire, sinon de gagner du temps ?!

Le souci provient d'abord du ministère de l'éducation nationale avec une gestion catastrophique de la crise : le dialogue avec le syndicat des enseignants étant réduit à un échange de courrier.

C'est le cas également de la communication du gouvernement actuel : il n'est pas tolérable de se contenter d'actions sporadiques comme celle des Ministères de l'intérieur ou de l'enseignement supérieur. Il convient d'avoir un attaché de communication, de préférence une femme d'une quarantaine d'années, entourée d'une équipe provenant de tous les ministères pour informer le citoyen tunisien du travail du gouvernement. C'est une équipe chargée d'un point de presse quotidien répondant aux attentes des citoyens tunisiens.
A part cela, les dernières nominations des gouverneurs démontre la mauvaise-foi de certains commis de l'état encore fidèles aux RCDistes. D'autre part, il y a l'embarras que cause la démission du ministre des affaires étrangères surtout que l'Italie est confrontée à une vague d'immigration de clandestins tunisiens. Le sabotage des RCDistes du ministère en cause vient juste avant le moment où la Libye décide une taxe de 150 euros par voiture (et 700 euros pour chaque personne souhaitant traverser la frontière tuniso-libyenne).

Qu'en est-il ensuite de la commission sur la corruption : une commission sans femmes et presque sans intérêt puisque la justice est appelée à devenir indépendante. D'ailleurs qu'attend M. le Ministre de la justice pour nettoyer au Karsher les palais de justice ?

Enfin, et parmi toutes les grèves qui sont entrain d'éclore à Tunis, une seule est bien plus légitime que toutes les autres manifestations. C'est la grève des diplômés chômeurs de Oum Larayes. Les revendications des chômeurs du bassin minier et leur sit-in aujourd'hui devant le siège de la Compagnie de Phosphate Gafsa à Tunis sont bien fondés. Au gouvernement de répondre à toutes leurs exigences parce que c'est beaucoup grâce à leurs sacrifices que nous vivons aujourd'hui notre révolution.

En me lisant, on pourrait croire que je n'appuie pas le gouvernement, mais ce n'est pas le cas. Je soutiens le processus de démocratisation que vit notre chère Tunisie, mais je reste critique concernant certains cafouillages du gouvernement de transition. J'attends avec impatience que ce dernier anticipe les attentes et réponde sans céder à la pression d'une minorité.

La rose de la révolution tunisienne

La semaine dernière, Son Excellence A. Ounaies était dans une position fort inconfortable. En plus de se voir jugé par deux journalistes qui ne comprennent rien aux codes diplomatiques, il a été insulté pour son âge à plusieurs reprises.

Plutôt que de poser des questions pertinentes sur l'avenir de la diplomatie tunisienne, ces journalistes de Nessma TV se sont acharnés, avec l'aide du présentateur puis de malheureuses interventions téléphoniques, sur une polémique franco-française.
Que voulaient-ils entendre ? Des insultes à MAM ? Que le MAE soutienne la révolution égyptienne ? Qu'il incendie l'Iran ? Je l'ai entendu répondre en termes fort diplomatiques et précis à tout cela, mais pourquoi est-ce que j'ai été une des rares à l'avoir compris ?

Le jeunisme, c'est cela que veulent ces populistes. Mais, alors quel est l'avenir de ces femmes et de ces hommes qui ont la soixantaine et qui ont tant fait pour combattre le despotisme : seront-ils lynchés de la sorte ? Est-il tolérable de voir une personnalité qui a tant donné pour la Tunisie piégée et décrédibilisée de cette manière ? N'avons-nous aucun respect pour ceux qui ont fait cette révolution ? Est-il acceptable de voir des journalistes, ignares et imbus de leurs personnes, se détourner de leur rôle d'INFORMER et céder à la polémique et au manque de professionnalisme.

Ce qui se passe aujourd'hui n'est pas le fruit d'un 14 janvier. La révolution tunisienne est la "rose que nous cueillons enfin après plus de 50 ans de luttes". Aujourd'hui, le peuple s'est montré civilisé. mais qu'attendent les journalistes pour être à la hauteur de l'évènement ? N. Baghouri, Secrétaire Général du syndicat des journalistes, le disait en début de la semaine dernière : les journalistes se doivent d'être professionnel et leur mission première est d'informer en toute objectivité. Les deux journalistes qui étaient assis en face de A. Ounaies ont-ils été professionnels dans leurs préparation de l'interview ?

La réponse à ma question est venu, le lendemain de l'émission, du ministère des affaires étrangère : une grève de "diplomates" accoompagnés de femmes de ménages en blouse appelant à la démission du ministre fraîchement nommé. Ca ne présage rien de bon. Aussi je prie pour que les militants démocrates de notre cher pays fassent doublement attention car "chaque épine de la rose cache quelque chose".

La police au service de la révolution tunisienne

La grève des policiers nous a permis de voir tout le mal que ces citoyens ont ressenti suite à une campagne hostile qui dure depuis plus de 20 ans. Abdallah Kallel avait déjà mis en place tout un dispositif pour avilir les honnêtes policiers : conditions de travail, inspection supérieure avec sa horde de décisions punitives, insécurité. La fonction de la police s'est transformée peu à peu du service de la patrie au service d'individus.

Personnellement, je peux témoigner que le 14 janvier 2011, benali était lâché par la police comme il l'avait été par l'armée. Je faisais partie du premier groupe de manifestants sortis de la place Mohamed Ali, et pendant qu'on avançait vers/sur l'avenue Habib Bourguiba, les cordons de policiers tombaient un à un sans aucune résistance (contrairement aux maintes manifestations précédentes). Les policiers ont laissé les manifestants arriver jusqu'au local du ministère de l'intérieur. Mais l'après-midi, la situation a dégénéré et une campagne hostile, savemment orchestrée par les cadres du ministère de l'intérieur encore fidèles à benali, a occulté les revendications légitimes des policiers.

Des policiers ayant participé à la révolution du peuple tunisien contre l'oppression ont souhaité ardemment la chute de benali mais aussi de son système : ces policiers ont salué la décision du nouveau ministre de l'intérieur d'éloigner près de 40 cadres de la sûreté de leurs fonctions. Ils espèrent que tous ces directeurs déchus seraient assignés en résidence surveillée et qu'une inspection à leur encontre serait lancé concernant les exactions commises dans notre pays.

Les policiers vont aussi jouir d'un syndicat, rattaché à l'UGTT, où tous les grades seront representés afin de garantir une pluralité et une liberté de l'action syndicale. C'est une protection pour le policier mais aussi pour le citoyen : cet organe garantirait que la Loi ne soit pas bafouée par les ordres (تعليمات).

Les policiers ont également revendiqué la suppression de l'Inspection Supérieure pour qu'elle laisse l'Inspection Générale faire son travail. Pour tout fonctionnaire, les erreurs devraient entraîner une sanction administrative (Blâme, Avertissment) et non répressive (geôles). L'inspection supérieure étant utilisée comme un organe punitif de la police, le système ne sera pas assainit tant que cette inspection supérieure est en cours.

D'autres revendications, somme toute légitime, concernent les congés annuels : il y a des policiers ayant atteint prés de 850 jours de congés (qu'il faudra régler ou convertir en primes). Les heures supplémentaires doivent être comptabilisées par mois ou par trimestre mais non payés à la fin de l'année. Les primes de rendement (70D sur 3 mois) doivent être négociées de manière structurée avec le syndicat de la police. Ces revendications salariales sont compréhensibles et elles garatissent la sécurité dans nos rues.

Un autre facteur a longtemps humilié les policiers : les mutations. Le refus presque systématique de la hiérarchie policière, de prendre en compte les demandes fondées, des agents de la police, de s'approcher de leurs familles. Dans certains cas, ce type de demande était qualifié de Haute trahison. La grève des policiers a démontré qu'un déficit de communication pouvait entraîner une confusion dans la population et la grande majorité de tunisiens a apprécié l'intervention de M. Rajhi ainsi que celle du nouveau directeur généal de la sureté nationale M. Chabir.

Le dernier point concerne la mutuelle de la police. La commission sur la corruption devra s'y intéresser de près surtout que des problèmes d'approvisionnement de la pharmacie rattachée au ministère de l'intérieur demeurent, une opacité dans la gestion des ressources est de mise, etc.

Mais avant cela, il serait raisonnable de revoir la composition de la dite commission : des femmes capables de suivre ce genre de dossiers sensibles ont été exclues : je pense aux juges K. Kannou et W. Kaabi. Pour conclure, je dirais DEGAGE aux RCDistes.