La police au service de la révolution tunisienne

La grève des policiers nous a permis de voir tout le mal que ces citoyens ont ressenti suite à une campagne hostile qui dure depuis plus de 20 ans. Abdallah Kallel avait déjà mis en place tout un dispositif pour avilir les honnêtes policiers : conditions de travail, inspection supérieure avec sa horde de décisions punitives, insécurité. La fonction de la police s'est transformée peu à peu du service de la patrie au service d'individus.

Personnellement, je peux témoigner que le 14 janvier 2011, benali était lâché par la police comme il l'avait été par l'armée. Je faisais partie du premier groupe de manifestants sortis de la place Mohamed Ali, et pendant qu'on avançait vers/sur l'avenue Habib Bourguiba, les cordons de policiers tombaient un à un sans aucune résistance (contrairement aux maintes manifestations précédentes). Les policiers ont laissé les manifestants arriver jusqu'au local du ministère de l'intérieur. Mais l'après-midi, la situation a dégénéré et une campagne hostile, savemment orchestrée par les cadres du ministère de l'intérieur encore fidèles à benali, a occulté les revendications légitimes des policiers.

Des policiers ayant participé à la révolution du peuple tunisien contre l'oppression ont souhaité ardemment la chute de benali mais aussi de son système : ces policiers ont salué la décision du nouveau ministre de l'intérieur d'éloigner près de 40 cadres de la sûreté de leurs fonctions. Ils espèrent que tous ces directeurs déchus seraient assignés en résidence surveillée et qu'une inspection à leur encontre serait lancé concernant les exactions commises dans notre pays.

Les policiers vont aussi jouir d'un syndicat, rattaché à l'UGTT, où tous les grades seront representés afin de garantir une pluralité et une liberté de l'action syndicale. C'est une protection pour le policier mais aussi pour le citoyen : cet organe garantirait que la Loi ne soit pas bafouée par les ordres (تعليمات).

Les policiers ont également revendiqué la suppression de l'Inspection Supérieure pour qu'elle laisse l'Inspection Générale faire son travail. Pour tout fonctionnaire, les erreurs devraient entraîner une sanction administrative (Blâme, Avertissment) et non répressive (geôles). L'inspection supérieure étant utilisée comme un organe punitif de la police, le système ne sera pas assainit tant que cette inspection supérieure est en cours.

D'autres revendications, somme toute légitime, concernent les congés annuels : il y a des policiers ayant atteint prés de 850 jours de congés (qu'il faudra régler ou convertir en primes). Les heures supplémentaires doivent être comptabilisées par mois ou par trimestre mais non payés à la fin de l'année. Les primes de rendement (70D sur 3 mois) doivent être négociées de manière structurée avec le syndicat de la police. Ces revendications salariales sont compréhensibles et elles garatissent la sécurité dans nos rues.

Un autre facteur a longtemps humilié les policiers : les mutations. Le refus presque systématique de la hiérarchie policière, de prendre en compte les demandes fondées, des agents de la police, de s'approcher de leurs familles. Dans certains cas, ce type de demande était qualifié de Haute trahison. La grève des policiers a démontré qu'un déficit de communication pouvait entraîner une confusion dans la population et la grande majorité de tunisiens a apprécié l'intervention de M. Rajhi ainsi que celle du nouveau directeur généal de la sureté nationale M. Chabir.

Le dernier point concerne la mutuelle de la police. La commission sur la corruption devra s'y intéresser de près surtout que des problèmes d'approvisionnement de la pharmacie rattachée au ministère de l'intérieur demeurent, une opacité dans la gestion des ressources est de mise, etc.

Mais avant cela, il serait raisonnable de revoir la composition de la dite commission : des femmes capables de suivre ce genre de dossiers sensibles ont été exclues : je pense aux juges K. Kannou et W. Kaabi. Pour conclure, je dirais DEGAGE aux RCDistes.