La rose de la révolution tunisienne

La semaine dernière, Son Excellence A. Ounaies était dans une position fort inconfortable. En plus de se voir jugé par deux journalistes qui ne comprennent rien aux codes diplomatiques, il a été insulté pour son âge à plusieurs reprises.

Plutôt que de poser des questions pertinentes sur l'avenir de la diplomatie tunisienne, ces journalistes de Nessma TV se sont acharnés, avec l'aide du présentateur puis de malheureuses interventions téléphoniques, sur une polémique franco-française.
Que voulaient-ils entendre ? Des insultes à MAM ? Que le MAE soutienne la révolution égyptienne ? Qu'il incendie l'Iran ? Je l'ai entendu répondre en termes fort diplomatiques et précis à tout cela, mais pourquoi est-ce que j'ai été une des rares à l'avoir compris ?

Le jeunisme, c'est cela que veulent ces populistes. Mais, alors quel est l'avenir de ces femmes et de ces hommes qui ont la soixantaine et qui ont tant fait pour combattre le despotisme : seront-ils lynchés de la sorte ? Est-il tolérable de voir une personnalité qui a tant donné pour la Tunisie piégée et décrédibilisée de cette manière ? N'avons-nous aucun respect pour ceux qui ont fait cette révolution ? Est-il acceptable de voir des journalistes, ignares et imbus de leurs personnes, se détourner de leur rôle d'INFORMER et céder à la polémique et au manque de professionnalisme.

Ce qui se passe aujourd'hui n'est pas le fruit d'un 14 janvier. La révolution tunisienne est la "rose que nous cueillons enfin après plus de 50 ans de luttes". Aujourd'hui, le peuple s'est montré civilisé. mais qu'attendent les journalistes pour être à la hauteur de l'évènement ? N. Baghouri, Secrétaire Général du syndicat des journalistes, le disait en début de la semaine dernière : les journalistes se doivent d'être professionnel et leur mission première est d'informer en toute objectivité. Les deux journalistes qui étaient assis en face de A. Ounaies ont-ils été professionnels dans leurs préparation de l'interview ?

La réponse à ma question est venu, le lendemain de l'émission, du ministère des affaires étrangère : une grève de "diplomates" accoompagnés de femmes de ménages en blouse appelant à la démission du ministre fraîchement nommé. Ca ne présage rien de bon. Aussi je prie pour que les militants démocrates de notre cher pays fassent doublement attention car "chaque épine de la rose cache quelque chose".